Styles d’apprentissage Kolb : identifier et utiliser les différents modèles

Certaines méthodes pédagogiques échouent malgré des contenus identiques et des moyens comparables. La réussite dépend souvent d’un facteur moins visible : la manière dont chacun assimile et transforme l’information nouvelle.

Les années 1970 ont mis en lumière un fait rarement pris en compte : nous ne tirons pas tous les mêmes apprentissages d’une situation identique. Derrière ce constat, des stratégies d’assimilation bien distinctes, qui pèsent lourd dans la réussite ou l’échec des formations. Faire abstraction de cette pluralité revient à gaspiller énergie et moyens dans des dispositifs éducatifs qui tournent à vide.

Comprendre le modèle de Kolb : origines et principes du cycle d’apprentissage expérientiel

David Kolb, psychologue et chercheur américain, a posé dans les années 1980 les bases de la théorie de l’apprentissage expérientiel. Son point de départ : l’expérience vécue, matière première de toute progression, s’enrichit en passant par un cycle en quatre étapes. Chacune joue un rôle spécifique, mais l’ensemble forme une dynamique complète.

Voici comment s’articule ce cycle d’apprentissage expérientiel selon Kolb :

  • Expérience concrète : tout commence par l’immersion dans une situation, l’observation d’un événement ou la participation à une activité.
  • Observation réfléchie : vient ensuite le temps du recul, de l’analyse, du questionnement et de la comparaison avec des expériences précédentes.
  • Conceptualisation abstraite : à partir de là, l’apprenant modélise, structure, met en forme des concepts et tente de poser des principes généraux.
  • Expérimentation active : enfin, les idées sont mises à l’épreuve sur le terrain, testées dans de nouveaux contextes.

Ce schéma éclaire la manière dont chacun capte, transforme puis applique une information. Kolb place ce processus au centre de l’action pédagogique, tant dans le monde de la formation que dans l’enseignement classique ou les démarches de développement personnel. Les étapes du cycle ne se suivent pas pour tout le monde de façon identique : certains vont droit au but, d’autres préfèrent la réflexion avant l’action. Reconnaître ces différences, c’est ouvrir la porte à une pédagogie adaptée, qui donne à chaque profil le moyen d’exprimer son potentiel.

Quels sont les quatre styles d’apprentissage selon Kolb et comment fonctionnent-ils ?

Chaque personne, souvent sans en avoir conscience, manifeste une préférence pour un style d’apprentissage. Kolb en recense quatre, fondés sur la façon d’aborder et de transformer l’expérience.

  • Style divergent : ce profil combine expérience concrète et observation réfléchie. L’apprenant divergent aime explorer, recueillir des points de vue, imaginer des alternatives. Il excelle à générer des idées, à proposer des solutions inédites et à décrypter la complexité d’un contexte.
  • Style assimilateur : ici, on associe observation réfléchie et conceptualisation abstraite. L’assimilateur rassemble, organise et structure. Il privilégie la rigueur, recherche la logique, construit des modèles, ce qui en fait le profil type du chercheur ou de l’analyste.
  • Style convergent : la combinaison de conceptualisation abstraite et expérimentation active donne un apprenant tourné vers le concret, l’application et la résolution de problèmes. Pragmatisme, efficacité, technique : voilà ses maîtres-mots.
  • Style accommodant : ici se rencontrent expérimentation active et expérience concrète. L’accommodant passe directement à l’action, n’hésite pas à expérimenter, ajuste à partir des résultats et apprend surtout dans la nouveauté.

Pour repérer sa dominante, l’inventaire des styles d’apprentissage (LSI) proposé par Kolb sert de point d’appui. Mais ces préférences ne sont pas figées : selon le contexte ou la matière, chacun module ses stratégies. D’autres modèles, comme ceux de Honey et Mumford, VARK ou Gregorc, enrichissent encore cette cartographie des modes d’apprentissage. Les chercheurs, eux, continuent de débattre sur la portée réelle de ces typologies et leur pertinence dans tous les milieux éducatifs.

Mains tenant des cartes colorées sur une table en bois

Adapter sa pédagogie : des pistes concrètes pour utiliser les styles de Kolb en formation

Connaître le style d’apprentissage d’un participant offre la possibilité de construire une pédagogie ajustée, que ce soit en formation professionnelle ou en enseignement. Les formateurs et concepteurs pédagogiques disposent ainsi d’outils pour valoriser la diversité des profils et dynamiser l’apprentissage collectif.

Pour le style divergent, privilégier les échanges, la créativité et les situations concrètes porte ses fruits : études de cas, débats, ateliers de réflexion collective stimulent ces profils. Les assimilateurs, de leur côté, se sentent à l’aise avec la conceptualisation et la modélisation. Leur proposer des synthèses, des recherches approfondies ou des schémas conceptuels leur permet de donner le meilleur.

Les apprenants convergents s’épanouissent dans la résolution de problèmes : simulations, exercices pratiques, projets techniques répondent à leur recherche d’efficacité. Quant aux accommodants, ils tirent profit d’activités où l’action prime : jeux de rôle, création de prototypes, immersion sur le terrain leur conviennent parfaitement.

Pour mettre en œuvre ces principes, trois axes se dégagent :

  • Proposer des méthodes pédagogiques variées : alterner les activités collectives et individuelles, multiplier les supports visuels, rythmer les séquences entre analyse et mise en pratique.
  • Utiliser l’évaluation diagnostique dès le début du parcours pour cerner les préférences et adapter la progression à chacun.
  • Encourager la personnalisation de l’apprentissage : offrir des choix, stimuler l’autonomie, ajuster le contenu au fil de l’évolution de l’apprenant.

La théorie de Kolb invite à considérer l’accompagnement pédagogique comme une aventure évolutive, où chaque apprenant circule entre expérimentation, réflexion, conceptualisation et action. L’enjeu : bâtir un cadre propice à la richesse des parcours, où chacun trouve sa voie.

Face à la diversité des profils, la pédagogie n’a rien d’un exercice figé. Adapter, réinventer, ajuster : voilà ce qui permet à l’apprentissage de prendre racine et de porter ses fruits, au-delà des modèles et des théories.