Refus d’une formation par l’employeur : conditions et droits des salariés

Un refus de formation n’est pas un simple geste d’humeur ou une formalité expédiée entre deux réunions. Le Code du travail encadre sévèrement cette décision. Un employeur ne peut dire non à une demande de formation issue du compte personnel de formation (CPF) sans exposer, noir sur blanc, des raisons sérieuses. Ici, pas de place pour l’arbitraire : la gestion du service ou la cohérence professionnelle du projet doivent justifier la réponse. Et ce n’est pas une option, la jurisprudence veille au grain, pointant chaque manquement à la règle.

Quand un salarié se voit opposer un refus, il n’est pas condamné à l’impuissance. Plusieurs recours existent, à commencer par la possibilité de saisir le conseil de prud’hommes pour faire valoir ses droits. Certains dispositifs, comme le congé de formation, échappent d’ailleurs à la règle générale : dans ces cas précis, l’employeur ne peut refuser qu’en invoquant des motifs strictement prévus par la loi.

Refus d’une formation par l’employeur : ce que dit la loi et les principes à connaître

Le refus d’une formation par l’employeur n’est pas laissé à son bon vouloir. Le Code du travail et la jurisprudence, notamment celle de la cour de cassation, ont fixé un cadre précis. À Paris comme partout en France, la formation professionnelle poursuit deux objectifs : permettre l’adaptation au poste de travail et soutenir le développement des salariés. Si l’employeur pilote le plan de développement des compétences, il ne détient pas tous les droits.

Le contrat de travail définit les règles du jeu. Quand l’employeur décide d’une action de formation, le salarié est tenu d’y participer, sauf exception prévue par la loi. En revanche, dès que la demande émane du salarié (via le CPF ou dans le cadre d’un projet personnel), l’employeur doit, en cas de refus, et plus encore après deux refus successifs sur la même formation,, expliquer sa décision de façon détaillée.

La jurisprudence, à travers plusieurs arrêts (décembre, février, etc.), a précisé ces grands principes. Prenons un exemple : si la formation n’a pas de lien direct avec le poste actuel, l’employeur peut s’y opposer, mais doit alors motiver sa décision par des arguments tangibles : risque de désorganisation, projet inadapté aux besoins de l’entreprise…

Voici quelques repères utiles pour distinguer les situations :

  • Lorsqu’une formation est imposée par l’employeur, le salarié doit s’y conformer.
  • Si le salarié fait la demande, l’employeur peut refuser, mais il devra apporter une justification surtout en cas de refus répétés.
  • L’obligation d’adaptation impose à l’employeur de maintenir les compétences de ses équipes au niveau requis pour chaque poste.

En somme, le droit à la formation s’équilibre entre les besoins collectifs de l’entreprise et l’aspiration individuelle à progresser. C’est là l’un des piliers du modèle social français.

Dans quelles situations l’employeur peut-il aussi refuser une demande de formation ?

Le refus d’une formation n’est possible que dans certaines circonstances, clairement définies par la jurisprudence et le Code du travail. La décision ne se prend jamais à la légère : le motif invoqué doit être solide et vérifiable. Les directions s’appuient souvent sur la gestion du plan de développement des compétences pour trancher.

Plusieurs cas de figure reviennent régulièrement :

  • La formation sollicitée ne figure pas dans le plan de développement des compétences de l’année en cours. L’employeur gère alors les priorités en fonction des orientations stratégiques de l’entreprise.
  • Il n’existe aucun lien entre la formation voulue et le poste de travail, ou même le secteur d’activité de l’entreprise. L’employeur peut alors privilégier la cohérence entre les compétences visées et les besoins réels du terrain.
  • Un risque de désorganisation existe : si l’absence du salarié pour formation menace l’équilibre du service, surtout lors de périodes tendues (sous-effectif, pic d’activité…), le refus se justifie.

À chaque fois, la motivation doit être claire. Un refus non motivé ouvre la porte à la contestation. La cour de cassation le rappelle : accumuler les refus sans explication prive le salarié de ses droits, en particulier dans le cadre du CPF. Par ailleurs, une modification du contrat de travail n’est pas automatique : si la formation visée bouleverse la structure de l’entreprise, l’employeur peut la refuser.

Les professionnels des ressources humaines, à Paris comme en région, doivent jongler entre gestion des effectifs et ambitions individuelles. La loi leur impose d’acter chaque décision, d’en garder la trace, et de pouvoir expliquer leur choix à tout moment.

Groupe de collegues en discussion dans un espace de travail lumineux

Conséquences et recours pour le salarié face à un refus de formation

Un refus de formation n’est jamais anodin. Il impacte concrètement le parcours professionnel du salarié. Que la demande porte sur un bilan de compétences ou une validation des acquis de l’expérience, une réponse négative doit être justifiée par écrit. C’est une exigence de la jurisprudence : sans explications précises, le contentieux n’est jamais loin.

En cas de refus injustifié ou abusif, plusieurs recours existent. Le salarié n’est pas sans ressources :

  • Le conseil de prud’hommes peut intervenir pour trancher un litige relatif à la formation.
  • Le CSE (comité social et économique) peut accompagner le salarié, analyser la situation, ou interpeller la direction sur la gestion du plan de développement des compétences.
  • L’inspection du travail peut être saisie s’il y a infraction aux obligations légales.

Priver un salarié d’accès à la formation, sans raison valable, peut représenter une faute de l’employeur, surtout si cela compromet l’adaptation au poste. Dans ce cas, l’entreprise pourrait devoir abonder le CPF du salarié à titre correctif. Quant à la sanction disciplinaire envers un salarié qui refuserait une formation imposée, elle doit rester mesurée : la cour de cassation insiste sur le respect du maintien dans l’emploi et l’équilibre des droits.

La route vers la formation n’est donc jamais tracée d’avance. Entre règles de droit et réalités du terrain, chaque décision façonne, parfois durablement, le parcours de celles et ceux qui font vivre l’entreprise. Qui trace la frontière entre opportunité et obstacle ? La réponse, souvent, s’écrit à la croisée des intérêts collectifs et des ambitions individuelles.